Courses: Ober-Gabelhorn (4063 m)

Mis à jour le 19 février 2007

Face nord et Wellenkuppe

Date: du vendredi 13 octobre 2006 au dimanche 15 octobre 2006

Cordée: Yvan, Josep et Frédéric

Conditions: bonnes en première moitié de la face N, mauvais temps et enneigé ensuite

Face nord du pied au sommet (4063 m) TD

Départ de la cabane du Mountet vers 4-5h le matin. Nous traversons le glacier du Mountet en direction de la face, dans la branche Ouest du Glacier de l'Ober-Gabelhorn. Départ dans un bon 45°, nous rejoignons le plateau supérieur à l'Est du point 3690 m, bien enneigé et en bonne partie dur à tracer. Nous parvenons à la rimaye vers 9h. La première étape a déjà été plus longue que prévu. Le passage de la rimaye se fait sans problème, la face paraît très bonne et le temps est au beau. Au milieu de la face, les choses se gâtent. La deuxième moitié est des plus en plus en glace. Nous progressons maintenant par longueur avec assurage sur vis à glace et relais. Le temps vire lui aussi au mauvais. Les prévisions météo ne prévoyaient pas cette perturbation qui, nous l'apprendrons plus tard, aura été annoncée par météo-suisse à midi le même jour. Nous sortons de la face par l'arête NW, une centaine de mètre sous le sommet, puis suivons cette arête jusqu'au sommet de l'Ober-Gabelhorn (4063 m). Avec les conditions d'enneigement, nous n'osons pas rebrousser chemin par l'arête du Coeur ni prendre l'Arbengrat qui est coté difficile. Il est bientôt 15h, et nous n'avons pas d'autre choix que celui de pousuivre en direction de la Wellenkuppe. "Impossible d'arriver à la Rothornhütte avant la nuit. Espérons que le temps ne se gâte pas trop." Nous descendons alors l'arête NE non sans difficultés jusqu'au Grand Gendarme à 3860 m d'altitude. Il neige fort maintenant, les points d'ancrage pour les rappels sont difficiles à trouver. L'arête se poursuit à l'horizontal jusqu'au Gendarme. Dangereusement cornichée côté SE et avalancheuse côté NW, nous marchons à pas feutrés. Nous nous arrêtons au pied du Gendarme et prenons la décision de bivouaquer tant bien que mal.

Bivouac au pied du Grand Gendarme (3860 m)

Tous les trois sous une seule couverture de survie. Nous convenons qu'à la première éclaircie lunaire, nous poursuivons la route. Nuit froide sous des chutes de neiges intermittentes mais, heureusement, peu de vent. Ce n'est qu'au petit matin que nous pourrons repartir. Les conditions se sont encore dégradées pendant la nuit. La traversée du Gendarme est pénible, nous perdons du temps à cause de la fatigue et de l'enneigement qui ne facilite pas la manipulation des rappels. Puis l'arête cornichée à droite et avalancheuse à gauche continue. Encordés au plus court et sur nos gardes, nous remontons jusqu'à la Wellenkuppe où, presque tiré d'affaires, nous faisons une courte pause. D'autres passages nuageux nous replongent dans le brouillard. L'arête E de la Wellenkuppe n'est pas très difficile, mais par ces conditions, rien n'est réjouissant. Nous progressons, certes, mais les horaires explosent. A 3640 m d'altitude, juste avant la selle neigeuse qui marque le début du Triftgletscher, le dernier rappel reste coincé. Josep remonte débloquer la corde, réinstalle le relais pour pouvoir rappeler la corde, etc. Nous nous engageons sur le glacier vers 14h, le brouillard s'est complètement levé, et il fait beau. Sur le Triftgletscher, à 3580 m d'altitude, une crevasse transversale coupe sur presque toute la largeur du glacier. Nous avons contourné rive gauche, mais il y a un passage possible un peu raide et difficile à voir d'en haut en rive droite.

Rothornhütte (3198 m), Zermatt

De la Rothornhütte, la descente sur Zernatt est un vrai chemin bien large et très agréable. Aucun souci pour la descente sur Zermatt, juste de l'épuisement extrême qui nous donnera l'impression que la rue principale jusqu'à la gare est interminable. Mort de soif, nous prendrons tous les trois une bonne grosse chop de bière limonade qui nous refroidira un quart d'heurs plus tard, dans le train pour Viège. En trent-six heures, nous aurons bu 1 litres de thé chacun, 1 litre de soupe au bivouac pour les trois et mangé quelques barres de céréales. Personne au monde n'aurait pu nous mettre en garde contre (et encore moins nous empêcher de) boire cette bière bien froide.

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