Courses: Petersgrat (3203 m)

Mis à jour le 26 août 2007
Mis à jour le 18 juin 2007

Hors série:
Le tunnel du Lötschental, à Kandersteg, 19h19

Petersgrat, traversée Sackhorn - Elwertätsch - Birghorn (PD+)

Date: dimanche 27 et lundi 28 mai 2007

Cordée: David et Frédéric

Conditions: Samedi, nuageux et averses, température maximale 23°C, limite du 0°C vers 3400 m, vents de secteur S modérés en montange, SW modérés sur le Plateau, rafales en cas d'orages, Foehn dans les Alpes. Dimanche, temps variable, pluies, température maximale 19°C, limite du 0°C vers 3000 m, vents de secteur SW modérés à forts en montagne, modéré sur le Plateau. Lundi, limite des chutes de neige passant de 1700 m à 1200 m, 900 m en réalité, 80 cm de neige fraîche sur le Kanderfirn depuis Mutthornhütte, danger marqué d'avalanche.

Petersgrat depuis Wiler

Wiler est accessible par les bus postaux depuis la gare de Goppenstein. Hors saison, rejoindre Gandegg (2717 m) à pied par la forêt de Baann et le pâturage de Lauchernalp. De Gandegg, prendre plein N pour rejoindre le Milibachgletscher puis en direction E vers le pied du Märbiglücke. Continuer sur le Tennbachgletscher jusque sous le Sackhorn. Une raide combe donnant sur le versant SSE du Sackhorn permet de rejoindre son arête E. Celle-ci présente quelques difficultés mineurs selon l'itinéraire choisi et les conditions d'enneigement (AD-). Le Sackhorn culmine à 3204 m. Redescendre l'arête qui mène jusqu'au col dominant la combe de montée. Poursuivre par cette arête en direction E, tout en restant plutôt sur son versant S. On atteind une selle neigeuse à 3158 m qui redescend ensuite sur le Tennbachlücke. L'itinéraire peut paraître évident, mais par brouillard, on est vite perdu.

Du Tennbachlücke, on remonte sur une tête neigeuse peu marquée, puis une petite descente direction N mène sur une petite arête de rochers qui permet de rejoindre le sommet de l'Elwertätsch sans difficultés notoires. Nouvelle descente, puis encore une tête neigeuse qu'il faudra redescendre avant de gravir le Birghorn. Celui-ci présente quelques difficultés pour redescendre par son arête E: rappels ou revenir en arrière pour contourner par le Nord. Poursuivre l'arête neigeuse peu marquée par Rote Täsch puis le Petersgrat (3203 m). Par brouillard, la grande difficulté sera de rester sur l'arête.

Dans la montée du Stackhorn, 15h37
Arête E du Stackhorn, 16h02
Sur l'arête en direction de l'Elwertätsch, 17h14

Mutthornhütte de nuit dans le brouillard

Le vent et le brouillard se sont levés. Le premier objectif sera de trouver coûte que coûte le point culminant du Petersgrat. Sur place, nous réglons l'altimètre à 3203 m et prenons l'azimut ENE qui doit nous mener sur le rocher dont la cote 3163 m marque le début de l'arête SW du Tschingelhorn. De là, le but est de longer sur 500 m le pied du versant N de cette arête, puis de piquer plein N jusqu'à la Mutthornhütte. La nuit tombe, il neige fort, on ne trouve pas ce rocher alors que l'altimètre indique qu'on est déjà trop bas. Le Petersgrat est à 3203 m, le rocher à 3163 m, on est à 3130 m, se serait-on déjà écarté pareillement de l'azimut? On ressort la carte, il souffle. Stupide! Entre le sommet du Petersgrat et le rocher, la crête passe par un petit col, donc un minimum local! Il suffit de continuer sur le même azimut, continuer de descendre jusqu'à 3121 m, puis remonter de 20 m environ. Un quart d'heure plus tard, voilà le rocher droit devant nous. C'est presque une victoire.

Et maintenant, longer l'arête sur 500 m. Nous avons ensuite 1.5 km à faire direction N. Des passages crevassés sont possibles. On s'encorde. On marche, on vérifie l'azimut, on marche encore, on vérifie toujours, on doute, on ne voit rien, on continue d'avancer. Après une heure de marche, nous éteignons nos lampes pour essayer de voir à travers la nuit. La tempête s'est un peu calmée, et malgré les nuages, la lune apporte une légère clarté à travers laquelle nous arrivons à distinguer des choses, comme une cabane, la Mutthornhütte, devant un grand rocher, le Mutthorn. Il reste à contourner par l'Ouest l'énorme crevasse que nous aurons failli ne pas voir et qui empêche l'accès à la cabane par le Sud, d'où nous venons. Le détour nous paraît interminable. Encore de la marche dans une neige fraîche abondante et lourde. Il se remet à neiger. Combien y aura-t-il demain pour le retour? La cabane est vide, nous mangeons quelque chose et nous nous couchons chacun dans un lit.

Escalade de l'arête W du Birghorn, 19h03
Arrivée à la Mutthornhütte, 23h12
Départ de la Mutthornhütte, 9h35

Le Kanderfirn et l'Alpetligletscher

Lorsque nous nous réveillons le lendemain, il est 9h00. Il a neigé toute la nuit, il neige encore, et il y a un épais brouillard. Nous devons descendre le Kanderfirn pour rejoindre Kandersteg par le Gasteretal. Le Kanderfirn nous pose un problème de navigation, mais le vrai problème, c'est le passage de l'Alpetligletscher jusqu'au début de la vallée: raide et exposé. On hésite à prendre l'autre direction, par Tschingelfirn, mais ce n'est pas vraiment mieux. Après avoir pesé le pour et le contre, nous décidons de nous lancer dans l'aventure W. Nous préparons les azimuts et nous nous engageons sur le glacier, direction WSW.

Le tracé est pénible, comme prévu, sur plus de 4 km, pour commencer. Les raquettes n'aident guère. A chaque pas, elles se remplissent de neige, si bien que nous essayons un moment sans. Mais c'est pire, car nous enfonçons alors dans les couches anciennes. Des montagnes avoisinantes, on ne voit rien. Nous entendons des avalanches tomber du côté des Blüemlisalp, sur notre droite, mais rien sur la gauche, où nous allons devoir passer. Cela n'a rien d'étonnant quand on connaît la configuration du terrain. Pourvu que çà dure. A la hauteur de l'Alpetligletscher, nous cherchons désespérément les traces du sentier qui mène en bas. Tout est blanc, aucun indice ne nous permet de suivre l'itinéraire normal. Ce n'est d'ailleurs peut-être pas le plus sûr. Nous laissons Uf de Schafgrinde sur notre gauche, là où le chemin devrait passer, et nous nous engageons dans le lit du torrent qui sort de l'Alpetligletscher. La stratégie est simple. L'itinéraire normal zigzague dans une pente raide où notre présence peut déclencher une avalanche. Le lit du torrent est encaissé et exposé à la face S du Fründenhorn. En empruntant cette variante, nous ne risquons aucunement de déclencher une avalanche à distance. Seule une avalanche spontanée est à craindre. Ce n'est guère mieux, mais nous ne pouvons plus faire demi-tour.

Le terrain devient très accidenté. Gros rochers, dalles raides, ici, la neige nous aide. L'itinéraire est probablement impraticable sur la roche nue. Nous avançons tantôt rive droite, tantôt rive gauche, nous nous laissons glisser dans l'épaisse couverture de neige là où le terrain devient plus raide, et nous finissons par atteindre le fond de la vallée sans accroc. Le brouillard se dissipe un peu, et l'itinéraire n'est maintenant qu'un chemin facile au fond du Gasteretal.

Dans le lit du torrent sous l'Alpetligletscher, 14h10
Tirés d'affaire au fond du Gasteretal, 15h16
Sur la route carrossable en direction de Kandersteg, 17h14

Le Gasteretal jusqu'à Kandersteg

Le Gasteretal est une vallée encaissée qui s'étend sur plus de 15 km. Un route carrossable mène aux deux tiers de la vallée, jusqu'au pâturage de Staldi, un peu avant Gastere. Du fond de la vallée, nous rejoignons Heimritz puis Selden puis Bletscheweidli. Quatre autres kilomètres dans soixante centimètres de poudreuse où nous ne rencontrerons que quelques traces d'animaux en quêtes de nourriture sous cette couverture blanche. Puis nous suivons la route, recouverte de neige comme le reste. Malgré les deux traces de pneu de chaque côté, nous restons au milieu avec les raquettes. Au fur et à mesure que nous descendons, la quantité de neige se fait de plus en plus faible. Nous distinguons Kandersteg dans le bas de la vallée. C'est encore loin. Très loin. La route paraît interminable, et alors que nous arrivons dans la plaine, un panneau pédestre nous indique qu'il y a encore 45 minutes jusqu'à la gare.

Nous avons progressé à l'aveuglette, dans le brouillard, la grosse neige et l'inquiétude liée au conditions depuis neuf heure ce matin. Il est 19 heure passé, et nous sommes une fois de plus de retour, en pleine forme, heureux d'avoir menés à bien cette petite traversée si facile en bonnes conditions.

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